La setmana passada venguèt trabalhar a l’ostal Jaume un pintre jove d’un trentenat d’annadas, demòra a las Vinhas dins Gòrjas del Tarn. A l’escotar m’avisi qu’es un batarelaire de primièra. E al fial del pinçèl, puslèu al fial de la convèrsa, me diguèt:
Benlèu que coma o disiá Bodon, es un “Occitan sens o saber”. Qual sap?
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“— Vous savez, moi, je me demande parfois ce que je parle, ce que je barjaque. Çà me fait sousquer. J’estropie le français, j’escarraunhe le patois, je chaple l’anglais comme une vache espagnole.
— Lo francés ont l’avètz aprés?
— A l’école, j’étais astruc en mathématiques, mais en français, je barrinais. Je barrinais tellement que le maître il me faisait copier trente fois la même phrase, ça me couflait. Et puis j’ai pas le bon accent français, moi.
— E l’occitan?
— Je le comprends pas. Je le parle pas. Je connais que des mots de patois, c’est tout. Mon papete et ma mamete parlaient toujours patois entre eux et vivaient avec nous à la maison. Mes parents échangent parfois des mots patois. Les copines et copains dans le village, comme moi, ils en emplèguent quelque fois.
— E l’anglès?
— J’utilise quelques mots. On en entend tellement de partout qu’on finit par les encaper. Mais quand mes copains m’entendent prononcer “ouiiique-einde» “pareequiinje” ils s’espètent de rire. Je serais fier d’avoir le bon accent anglais. Je le cherche mais il vient pas.
— Aquò vos empacha pas de viure?
— Non, mais je me demande qui je suis. Je suis pas bien français comme je parle pas bien le français. Je suis pas bien patois puisque je connais que quelques mots de patois. Je suis pas anglais du tout, pour sûr!
— Aqueles mots de “patois” son “toi» o “pas-toi”?
— Sans ces mots de “patois”, je suis “pas-moi”. Et comme je tourne le français comme je peux, je suis pas bien français non plus.
— Parlatz un mescladís?
— Oui, je mescle un peu tout! C’est comme pour mes couleurs en peinture. Je me dis: en France, on parle le français; en Occitanie, je devrais parler occitan. Ce serait plus clair!”
— Lo francés ont l’avètz aprés?
— A l’école, j’étais astruc en mathématiques, mais en français, je barrinais. Je barrinais tellement que le maître il me faisait copier trente fois la même phrase, ça me couflait. Et puis j’ai pas le bon accent français, moi.
— E l’occitan?
— Je le comprends pas. Je le parle pas. Je connais que des mots de patois, c’est tout. Mon papete et ma mamete parlaient toujours patois entre eux et vivaient avec nous à la maison. Mes parents échangent parfois des mots patois. Les copines et copains dans le village, comme moi, ils en emplèguent quelque fois.
— E l’anglès?
— J’utilise quelques mots. On en entend tellement de partout qu’on finit par les encaper. Mais quand mes copains m’entendent prononcer “ouiiique-einde» “pareequiinje” ils s’espètent de rire. Je serais fier d’avoir le bon accent anglais. Je le cherche mais il vient pas.
— Aquò vos empacha pas de viure?
— Non, mais je me demande qui je suis. Je suis pas bien français comme je parle pas bien le français. Je suis pas bien patois puisque je connais que quelques mots de patois. Je suis pas anglais du tout, pour sûr!
— Aqueles mots de “patois” son “toi» o “pas-toi”?
— Sans ces mots de “patois”, je suis “pas-moi”. Et comme je tourne le français comme je peux, je suis pas bien français non plus.
— Parlatz un mescladís?
— Oui, je mescle un peu tout! C’est comme pour mes couleurs en peinture. Je me dis: en France, on parle le français; en Occitanie, je devrais parler occitan. Ce serait plus clair!”
Benlèu que coma o disiá Bodon, es un “Occitan sens o saber”. Qual sap?
